Mon parcours (1)

 -BLM-44.gif image by beetboots  -BLM-44.gif image by beetboots 

 


Si vous voulez savoir comment j'en suis arrivée là...

 

Je suis née (il faut bien commencer quelque part mdrrr). J'ai eu une belle enfance, je n'étais pas heureuse mais je trouve que j'ai eu de la chance. Jusqu'à 6 ans je vivais dans un petit village à la montagne avec un jardin immense et un framboisier à nous. Puis nous avons déménagé à Lyon et je continuais d'aller à la montagne à chaques vacances chez mes grands parents et nous passions nos journées ensemble, mon frere, mes cousins, et moi. C'était sympa.

Si je ne me sentais pas heureuse, pas épanouie, c'est parce que j'avais un sentiment d'incompréhension assez profond. Je n'ai pas été élevée dans une famille croyante, et pourtant j'étais très, très croyante, et je n'avais pas les mots ni la capacité de l'expliquer aux adultes ou aux enfants qui m'entouraient... Alors quand je mettais une jolie pierre et des fleurs dans le trou d'un arbre (c'était pour moi une offrande de remerciement et une prière) je passais juste pour une folle, surtout que je le faisais tous les mois et que mon "rituel" me prenait l'après-midi entière.

Je dessinais, pensais, méditais, j'écrivais des histoires, et de temps en temps, je jouais un peu.

 

Voilà comment j'ai vu mon premier psy 

J'avais 7 ans et il s'est contenté de dire à mes parents que j'étais intelligente, précoce et débordants d'imagination, que je "raisonnais comme un enfant de 13 ans". Il s'est quand même pas trop pris la tête le mec, expédié en une séance, avec la dose de compliments qu'il faut pour que mes parents soient fiers et ne me renvoient pas le voir. Mais c'est le meilleur psy que j'ai eu en y repensant.

 

Voilà comment tout s'est déroulé tranquillement jusqu'en 2009. Mon père s'en va, ma mère est enceinte d'un autre, on quitte la ville pour partir à la montagne, on vit chez ma grand mère. Puis le petit naît, et on prend un appartement.

Puis mon frère a deux ans et vient le beau père alcoolique qui contient sa haine envers nous et tente de nous plaire... On a mangé beaucoup de pizzas qu'il allait chercher pour nous, on s'est pris aussi pas mal de gifles et assez de mauvais mots pour que le plus grand de mes freres parte vivre chez notre père à Lyon.

 

Puis le beau père est mis dehors, et ma mère me le reproche. Je n'ai pas été tendre avec lui, mais c'était réciproque et je suis toujours restée polie. Rien que quelques sarcasmes ou provocations discrètes par-ci par-là...

Il en a pas fallu beaucoup pour lui faire peur 

 

Donc, tchao beau papa. La vie continue, et nous sommes aux vacances d'été entre la 4eme et la 3eme, fin août, deux jours avant mon anniversaire, je vais avoir 14 ans, je passe un mois chez mon père conformément au jugement.

C'est là, devant la télé, alors qu'il croyait que je dormais, que mon père a fait quelque chose qu'il n'aurait pas dû, que j'ai totalement occulté, et pourtant c'est ce qui allait changer mes prochaines années. J'entrerai pas dans les détails... Simplement quand il a fini par s'endormir a coté de moi, j'ai foncé dans ma "chambre" (mezzanine en contreplaqué à 1m du plafond), pleuré le reste de la nuit, et le lendemain, le jour ou je rentrais chez moi, j'avais toutes les séquelles, mais plus aucun souvenir de ce qui s'était passé.

 

Et là on attaque la vraie descente, je n'étais pas joyeuse jusque-là, mais là, on arrive à une dépression officielle. Au début, je suis simplement devenue extremement sociable, je n'étais jamais seule contrairement à mes anciennes habitudes, je me suis bien entourée. Puis j'ai commencé à fumer, et à boire, ce qui est normal à cet âge (ou peut-être plus tard, mais on commence à faire des expériences). Sauf que je ne faisais rien pour essayer, c'était juste une manière de me faire du mal, je me fuyais moi-même et ce que je ressentais.

Mais les vraies manières, efficaces, de se faire du mal, ont suivi. Je me suis mise à manger énormément, moi qui avant avalais trois fois rien, je n'étais jamais rassasiée, et étais obligée de manger en cours, de me lever dans la nuit, pour assouvir mon besoin de BOUFFE. Puis ça s'est précisé en crises de boulimie, j'ai pris plus de dix kilos en à peine quelques mois...

 

Jusqu'à l'automutilation. Quand je me suis rendue compte du poids pris, j'ai aussi commencé à vomir... J'ai du faire ça deux semaines à tout casser, en fait là-dessus j'ai eu beaucoup de chance je ne suis pas devenue "accro".

En revanche, j'ai fait plusieurs expériences avec des médicaments en belle quantité, et j'ai réussi à me coller à chaque fois des douleurs d'estomac telles que j'étais incapable de manger pendant au moins une semaine. Et ça, je suis devenue accro. Même si j'ai cessé d'utiliser des médicaments pour jeûner, j'en prenais encore parfois, "juste comme ça", et pour ce qui est du jeûne...

Je me suis mise tout naturellement à un rythme extrême : une semaine de gavage intensif, suivie de 3 à 10 jours de jeûne.

 

Et ensuite, aussi fort que j'ai essayé de me battre ocontre l'un ou l'autre, je n'ai pas pu revenir à une alimentation normale. Je basculais d'un extrême à l'autre, c'est devenu une habitude. Le corps a eu plus de mal à suivre, perte de la sensation de satiété assez rapidement, un poids parfois tres instable parfois immobile, mes cheveux et mes ongles en ont pris un coup aussi, mais c'est peut-être dû à la dépression qui continuait tranquillement, qui prenait des forces.

 

N'empêche que c'est à ce moment que je me suis passionnée pour les recettes beauté faites maison que l'on peut trouver sur internet, et que je suis devenue incollable sur les soins des cheveux 

 

Voilà dans quel état je débarque sur les sites pro ana en quête de soutien, bien loin des "miss bikini" ou des "je veut deuvenyr anoressik"...

Les cours ont repris et moi avec apres des vacances pas terribles à découvrir qu'on pouvait ne pas manger. Seulement, une petite nouveauté cette année là, l'absentéisme. J'avais commencé doucement à décrocher l'année précédente mais là, j'étais en cours, et il FALLAIT que je rentre, pour diverses raisons. Il m'est devenu insoutenable d'aller au lycée, et j'étais repartie dans ma farandole des psys... Aux vacances de la toussaint j'aurais dû être hospitalisée. Mais à la place, je suis restée chez moi, ai coupé tout contact avec les psys, médecins, infirmières, assistantes sociales, et autres, que j'avais pu voir en début d'année.

Et j'ai passé 3 mois comme ça, au détriment de ma mère, coupée de tout, sans franchir la porte d'entrée, hors du temps. Je m'endormais rarement avant 5-6h du matin, et ne me réveillais jamais avant 15h, quand ce n'était pas 17h. Mon corps avait commencé à prendre ce rythme, j'ai accentué ce penchant pour rester tranquille avec ma solitude, que je ne partageais que sur internet. Je ne sais même pas ce que j'ai fait tout ce temps, le plus souvent, j'étais à peine consciente, je n'étais pas vraiment là, et ce sont les souvenirs les plus étranges que j'aie.

En tout cas je croyais avoir touché le fond, mais pas encore.

(remarque, je crois avoir touché le fond a une autré période, mais je tomberai peut-être un jour encore plus bas, qui peut dire s'il y a vraiment un fond...)

 

En tout cas, j'ai bien accentué ma folie. Bien sûr je n'allais plus chez mon père en vacances, mais à noël, on m'y a obligée. Et j'ai du mal à imaginer un noël pire que ça. On s'est fait une bouteille de rhum à deux (a 15 ans et avec ma résistance à l'alcool pas au top, sans compter que j'en ai bu bien plus que lui, imaginez). Ce qu'il m'a dit, ce qu'il a fait, j'ai pas envie de l'écrire. En tout cas j'ai passé la nuit sous la douche, à pleurer, hurler, me couper. Je suis partie le lendemain (c'est que ca devient une habitude dites donc mdrrrr)

 

Et du jour au lendemain, je suis retournée en cours, après les vacances de noël. Avec mon rythme de sommeil, ça a été dur physiquement, bien sûr. Mais pas seulement. J'ai commencé à faire des crises d'angoisse (3 mois de solitude, ça vous change quelqu'un). Tout doucement, juste assez pour sécher les cours. C'est simple, les dernières semaines, je n'allais plus qu'à un cours par semaine : mon heure d'espagnol du jeudi. 

 




25/09/2012
1 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 126 autres membres